Pendant longtemps la seule responsabilité des entreprises a été d’engendrer des profits afin de satisfaire leurs actionnaires et propriétaires puis elles prirent progressivement conscience de la nécessité de contribuer à des objectifs sociaux et à la protection de l’environnement, en intégrant la responsabilité sociale comme investissement stratégique au cœur de leur politique commerciale dans leurs instruments de gestion et dans leurs activités. Plusieurs facteurs ont permis cette évolution comme les attentes des citoyens et des pouvoirs publics, les inquiétudes suscitées par la détérioration de l’environnement du fait de leur activité économique et enfin la transparence apportée par les médias et les technologies modernes de l’information. Nous verrons successivement l’évolution du concept de la responsabilité sociale des entreprises et le plan d’action décidé par la Commission européenne pour la période 2011-2014.
Evolution du concept de la responsabilité sociale des entreprises (RSE)
Ce concept s’est forgé en trois phases successives :
– Tout d’abord l’entreprise fut assimilée à un être moral et devait prendre en charge les infrastructures nécessaires à la vie des salariés (logements, écoles, boutiques) et envisager des actions de philanthropie financées par des Fondations. Il s’agissait donc d’un concept nettement paternaliste.
– Puis dans les années 1970 c’est le concept utilitaristequi fit son apparition, reposant sur l’idée qu’il existe un lien entre la performance économique et le comportement social. Ici l’entreprise se soucie de sa réputation, entretient son image de marque et veille à la confiance de ses salariés, de ses clients et des institutions. La RSE est donc la réponse aux excès du néo-libéralisme anglo saxon illustré par les scandales de la «vache folle»,de la dioxine et des délocalisations sauvages.
– Enfin, c’est le concept de la « soutenabilité» qui est avancé en 1993 par Jacques Delors, Président de la Commission européenne. Dans cette vision nouvelle on attend de l’entreprise qu’elle assume non seulement les conséquences de ses activités mais qu’elle anticipe et qu’elle internalise les couts des dommages éventuels. Afin d’établir un cadre contraignant pour les actions des entreprises divers textes internationaux ont été adoptés tels que le Pacte mondial de l’ONU, la Déclaration de l’OIT, la Global reporting Initiative ainsi qu’en France la Loi du 15 mai 2001(modifiée par la loi Grenelle II) et la norme d’orientation sur la responsabilité sociale NF ISO 26000. Dans les faits, une certaine défiance est apparue en France envers certaines entreprises comme Renault et France Telecom frappées par de nombreux suicides tandis que celles ayant un discours tourné vers le « consommateur citoyen » comme Leclerc ou Free inspirent une plus grande confiance.
Le plan d’action de la Commission européenne
En octobre 2011, la Commission européenne a présenté une nouvelle stratégie sur la responsabilité sociale des entreprises en définissant un programme d’action couvrant la période 2011-2014 s’articulant autour de huit objectifs principaux :
– Le renforcement de la visibilité de la RSE et la diffusion de bonnes pratiques.
– L’amélioration du degré de confiance des citoyens dans les entreprises.
– L’encouragement à récompenser le comportement responsable des entreprises.
– Le développement de la communication des entreprises sur les questions sociales et environnementales.
– L’élaboration d’un code de bonne conduite.
– La poursuite de l’intégration de la RSE dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la recherche par des financements appropriés.
– L’implication nécessaire des Etats membres de l’Union européenne afin qu’ils planifient la promotion de la RSE pour la mi 2012.
– Le rapprochement des conceptions européennes et mondiales de la RSE au regard des textes en vigueur. Ainsi la responsabilité sociale des entreprises peut être définie aujourd’hui comme l’intégration volontaire de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes (actionnaires, salariés, clients, fournisseurs, consommateurs, entrepreneurs et ONG diverses.
Le défi à relever pour les années futures consiste à déterminer comment la responsabilité sociale des entreprises peut aider à construire une économie de la connaissance dynamique et compétitive fondée sur la cohésion. Confrontées à un environnement en constante mutation du fait de la mondialisation, les entreprises ont pris conscience du rôle essentiel du volet social du développement durable.
Copyright . Jeannick Odier