Reprendre une nouvelle équipe est une situation classique en management.
Le plus grand écueil auquel le nouveau manager va se retrouver confronté est représenté par les fantômes du passé.
Qu’elle soit vécue comme positive ou négative, l’ombre de l’ancien, de l’avant, va être omniprésente et parasiter le présent.
Comme le dit l’adage « on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne ». Le ton est donné !
La reprise sera forcément délicate et la rater pourrait avoir pour fâcheuse conséquence de perturber durablement voire même de démotiver une équipe qui serait pourtant dans des dispositions favorables.
N’oubliez pas que vous n’avez qu’une seule occasion de faire bonne impression !
Le premier contact entre le manager et l’équipe est donc primordial et va conditionner le futur du tandem.
Alors, autant ne pas se prendre les pieds dans le tapis… de peur de perdre toute crédibilité.
Or, c’est bien là que vous allez avoir le plus à faire : être rapidement crédible aux yeux de vos collaborateurs.
Car consciemment ou non, ils vont vous tester et vous juger.
Anti-règles de management du repreneur d’équipe :
1) Penser que vous êtes le messie et que tout le monde n’attend que vous.
2) Ecouter les ragots et les indélicatesses proférés sur les uns par les autres et y apporter une foi aveugle.
3) Vouloir tout modifier, tous bousculer dans le mois de votre arrivée. Avec vous, le déluge…
4) Vanter les mérites de votre ancienne équipe, la larme à l’œil. Ils étaient beaux, ils étaient bons. Retournez les voir définitivement, ce sera plus simple !
5) Monter en épingle tout ce qui est mal fait. No comment…
6) Déboulonner sauvagement le manager précédent. Préparez le discours de votre propre déboulonnage tant que vous y êtes…
Après la galerie des horreurs, passons aux choses positives, aux conseils – simples – qui vous aideront à partir sur de bonnes bases avec votre nouvelle équipe…
Règles positives de management du repreneur d’équipe :
1) Réunir sa nouvelle équipe et lui exprimer sa satisfaction d’être là. Ne soyez pas non plus trop volubile dans vos propos, vous ne la connaissez pas, elle ne vous connait pas encore, vous ne devez pas faire étalage de flatteries qui seraient prise comme une basse manœuvre pour se « les mettre dans la poche ».
2) Annoncer ce qui va se passer dans les semaines à venir. Ne voyez pas trop loin, un plan sur 1 à 2 mois est bien suffisant pour une première approche.
3) Aller sur le terrain, au plus près des collaborateurs. Pour être crédible, vous devez savoir de quoi vous parlez. Rencontrez chacun individuellement, sachez qui ils sont, leurs parcours, ce qu’ils font, les contraintes des postes, les points positifs, ce qu’il reste à améliorer. Un collaborateur n’apportera que peu de crédit à son manager si celui-ci reste enfermé dans son bureau, coupé de la réalité de l’équipe.
4) Ecouter impartialement et dans un souci d’égalité chaque collaborateur. Pas de favoritisme ou d’a priori. Reportez-vous au point 2 des anti-règles de management.
5) Faire un retour de l’observation du fonctionnement lors d’une nouvelle réunion avec l’équipe. Restez-en aux faits, à vos observations et n’émettez aucun jugement de valeur. Vos collaborateurs doivent se sentir compris dans leurs difficultés, leurs contraintes mais sans omettre les réussites et les succès.
6) Annoncer la suite des événements. Parlez de ce que vous envisagez de mettre en place, des premiers objectifs et des moyens pour les remplir. Soyez sincères et concrets, ce n’est pas le moment de « jeter de la poudre aux yeux » et de risquer de décevoir l’équipe. Expliquez en quoi vous allez intervenir, quel va être votre rôle, quels vont être les étapes, le suivi…
7) Faire ce qui est annoncé. Faut-il vraiment commenter ce point ?
Pour conclure, je vous propose de méditer sur la légende des 3 singes, une figure classique de la sagesse orientale, représentée par trois animaux : Mizaru (celui qui ne voit pas), Kikazaru (celui qui n’entend pas) et Iwazaru (celui qui ne parle pas).
Vous trouverez dans la littérature ou sur le web différentes interprétations de la métaphore rattachée à la légende, certaines provenant du confucianisme.
Je vous livre ici l’une de ces explications, dite de « l’indifférence » :
« Il y a ceux qui voient des choses et en parlent, mais n’écoutent pas ce que l’on leur dit. Il y a ceux qui ne voient rien, écoutent les autres et en parlent. Il y a ceux qui entendent et voient des choses, mais n’en parlent pas. »
Soyez donc ce lui qui voit, celui qui entend et celui qui parle (à bon escient !)…
Bonne chance dans le management de votre nouvelle équipe.
Par Sandrine Virbel